Au début du 20ème siècle, Haïti était encore un important producteur de cacao. Après une trentaine d’années d’instabilité socio-économique et surtout politique, Haïti n’est plus aujourd’hui que le 25ème pays producteur mondial avec une production annuelle oscillant autour de 4000 tonnes. Pourtant, cette filière historique représente encore pour Haïti un enjeu socio-économique et environnemental majeur.
En Haïti, le cacao est produit dans de petites exploitations agricoles paysannes allant de 0,2 à 3 hectares en moyenne, avec un rendement de 250 à 400 kg/ha sur deux saisons : la petite saison d’octobre à décembre et la grande, d’avril à juillet. Les plantations sont constituées majoritairement de criollo et de trinitario, variétés mondialement reconnues comme cacaos fins et aromatiques.
Le cacao est cultivé sous couvert forestier et sans intrants chimiques, en association avec des bananiers, avocatiers, agrumes et autres arbres fruitiers de même que des cultures vivrières comme le manioc, l’igname et le tarot. Ces jardin agroforestiers organisés autour du cacao jouent aussi un rôle capital en matière de gestion conservatoire de l’eau et des sols en zone de montagne, caractéristique stratégique dans un contexte de dégradation exponentielle des ressources naturelles (érosion de grave intensité en amont, inondations dévas-tatrices en aval). Ces écosystèmes constituent en Haïti les rares modèles agricoles présentant à la fois un potentiel de viabilité économique et une durabilité environnementale indiscutables.