Entendue comme la provision de services financiers de petite taille à des populations pauvres et/ou exclues, la microfinance a été plébiscitée comme outil de développement dans les pays pauvres ou encore comme une innovation dans les politiques de développement (2, 4, 13, 23, 36). Durant la deuxième moitié du 20ème siècle, notamment à partir des années 1980, la microfinance a connu une expansion considérable dans les pays en développement (22). Sans être la panacée dans les stratégies de développement, face à l’inégalité et l’exclusion financière caractéristique de ces pays, elle constitue incontestablement une réponse appropriée (11, 16, 26, 42). Du moins, elle s’est établie comme un secteur à part entière dans le système financier de ces pays (18).
Encore aujourd’hui, la microfinance occupe une place de choix dans les stratégies de lutte contre la pauvreté (12, 28), même si sa capacité effective à réduire la pauvreté alimente encore bien des débats (14, 19, 20). Dans le cas d’Haïti, plusieurs auteurs ont tenté de faire une présentation de cette branche de la finance (8, 25, 44, 45). Mais il manque un compte rendu permettant aux étudiants et aux chercheurs intéressés par la question d’avoir une vue d’ensemble du secteur, à partir de son développement en Haïti. Notre argumentation remontera à partir de la deuxième moitié du 20ème siècle. Car même si, dans la société haïtienne le besoin de financement en milieu rural s’est fait sentir dès la fondation de la nation en 1804 (10), les interventions significatives ne datent que de la période récente, puisque pendant l’occupation américaine du pays de 1915 à 1934, la question du financement pour le monde rural ne semble pas avoir fait l’objet d’attention particulière. Cet article se propose de contribuer à une meilleure compréhension du secteur à travers un découpage de son évolution dans le temps.